mardi 25 novembre 2008

La monomane du jeu


Ce tableau fait partie d'une série de dix études d'aliénés peintes par Géricault entre 1819 et 1822 pour son ami le docteur Etienne-Jean Georget, aliéniste et médecin-chef de l'hôpital de la Salpêtrière à Paris. Nous ne connaissons plus que cinq de ces études, découvertes en 1863 par Louis Viardot à Baden-Baden, où les aurait laissées le docteur Lachèze. Le Louvre conserve ici l'une des études les plus saisissantes, mais on peut regretter qu'elles n'aient pas été acquises dans leur totalité lorsqu'elles furent proposées en 1866, sans succès, aux musées français, par l'intermédiaire du peintre Henri Harpignies. Par la suite, ces tableaux entrèrent dans la collection du peintre Charles Jacque et se trouvent aujourd'hui dispersés : le Monomane du vol d'enfants à Springfield ; le Monomane du vol à Gand ; le Monomane du commandement militaire à Winterthur ; la Monomane de l'envie à Lyon. La destination de ces « portraits de fous » est inconnue ; disciple d'Esquirol, le docteur Georget en avait-il besoin pour illustrer son enseignement ? En tout cas, ces bouleversantes effigies témoignent de l'intérêt de l'époque pour le phénomène psychiatrique, le lien entre le physique et le psychique, et l'attention nouvelle portée au traitement des malades, dont Géricault nous dit avec une acuité poignante la douloureuse humanité... ou pas

Découverte des monomanes


Dans une lettre de 1863, le critique Louis Viardot relate leur découverte, par hasard, à Baden Baden et qualifie ces fous de monomanes. Il spécifie la nature des obsessions de chacun d’entre eux : le vol d’enfants (Springfield), le commandement militaire (Winterthur), le vol (Gand), le jeu (Louvre) et l’envie (Lyon). Selon lui, ces portraits auraient été peints entre 1820 et 1824 – une date probablement erronée – pour son ami le docteur Georget, médecin chef à la Salpêtrière. En fait aucun document n’atteste les liens entre les deux hommes, ni même l’intérêt de Georget pour ce type de représentations - à la différence du célèbre Esquirol, le réformateur de l’asile, qui déclarait en 1818 avoir fait dessiner plus de 200 aliénés dans le but de publier ses observations sur ce sujet

Mort de Géricault



Géricault décédera des suites d'une chute de cheval, le 26 janvier 1824, à l'issue d'une longue agonie. Le colonel Bro de Comères et le peintre Pierre-Joseph Dedreux-Dorcy sont à son chevet. Le mur de la chambre est tapissé d'esquisse du maître. Cette toile a été exposée au Salon des artistes français à Paris, en 1824.